Après sept ans sans avoir écrit de roman, Paul Auster revient à la littérature pour le plus grand bonheur de ses lecteurs.
4321 commence très simplement. Archie Ferguson, petit-fils d’un immigrant juif, naît à Newark, le 3 mars 1947. Il est le fils de Rose, qu’il aime passionnément, et de Stanley. Au fil de la lecture, on se rend assez vite compte que le récit devient plus complexe.
Je me suis aperçue du glissement quand, dans un chapitre, la tante Mildred se marie, alors que dans le suivant elle est à nouveau célibataire. Dans un troisième, le père de Stanley perd son magasin d’électroménager, quelques pages plus loin, il s’enrichit en ouvrant plusieurs succursales…
Paul Auster a, en effet, choisi d’étudier de fond en comble quatre possibilités de vie, quatre destins d’Archie Ferguson. Le point de départ est le même. Les quatre Archie ont les mêmes parents, le même capital génétique. Seuls des faits dus au hasard, cher à l’auteur, changent sa destinée mais aussi, ses amis, ses amours, son rapport au sport, ses études, les directions qu’il prend dans la vie…
Si 4321 apparaîtra à certains comme un roman très structuré, je l’ai plutôt vu comme un fouillis magnifique de 1016 pages (!) dans lequel j’ai aimé me perdre. D’autant plus que l’art, le cinéma, la lecture, les études y occupent une place centrale. Mais pas seulement, il y a aussi New York et sa misère, le baseball dont Paul Auster était lui-même très fervent, la politique (l’assassinat de Kennedy, la guerre du Vietnam) avec entre autres des pages extraordinaires sur les émeutes raciales, comme sur les émeutes étudiantes de Columbia en 1968. L’éducation sentimentale et sexuelle d’un jeune homme de son époque ou plutôt de quatre. La merveilleuse Amy, tantôt amoureuse, tantôt presque sœur. Sans oublier le bonheur de vivre à Paris. Et d’écrire que ce soit d’un côté ou de l’autre de l’Atlantique.
Le livre commence et se termine sur une pointe d’humour, un irrésistible jeu de mots issu du yiddish qui ne pouvait que me plaire et m’attirer à lui. Au final, 4321 est un extraordinaire roman, quasi gargantuesque, le livre de tous les possibles.
4321, Paul Auster, Actes Sud
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