
Depuis toujours, Tom Larch oscille entre deux cultures. Sa mère est indienne, son père anglais. A huit ans il quitte avec sa famille l’Inde adorée pour Londres qu’il déteste. A 18 ans, orphelin, il s’engage dans les Royal Marines où il vit de conflit armé en conflit armé, de bagarres en aventures jusqu’à un grave accident d’hélicoptère auquel il survit miraculeusement. Une journaliste l’interroge sur son expérience? Voilà qu’il devient par hasard Trompe-la mort, le héros d’un documentaire qui lui vaut une véritable gloire médiatique. Jusqu’à son retour en Inde où il part sur les traces de l’héritier d’un milliardaire mystérieusement disparu… On devine le plaisir que Jean-Michel Guenassia a dû éprouver en racontant les aventures rocambolesques et parfois improbables de son héros contemporain. Si on lui reconnaît un véritable talent de conteur, digne des feuilletonistes du 19e siècle, on a préféré ses deux romans précédents, Le cercle des incorrigibles optimistes et La vie rêvée d’Ernesto G. dans lesquels on a trouvé plus de profondeur et de surprises. Ce Trompe-la-mort reste pourtant très agréable à lire, ne boudons pas notre plaisir.
Trompe-la-mort, Jean-Michel Guenassia, Albin Michel
C’est un texte court, écrit après avoir lu dans une interview une phrase d’Annie Ernaux qui a fait écho en elle: « Rien n’est jamais acquis pour les femmes. Si vous ne dites pas que vous avez avorté, vous prenez le risque que ce droit disparaisse. » Alors plus de trente ans après les faits, Colombe Schnek, écrivain, journaliste a pris la plume pour raconter. Elle avait dix-sept ans, était une jeune fille insouciante, élevée librement par ses parents. Elle avait un petit ami, était sur le point de passer son bac et… c’est arrivé. Alors qu’elle prenait irrégulièrement la pilule, elle est tombée enceinte. Colombe a eu de la chance, soutenue par son père, elle a pu avorter. C’était en 1984, la loi Veil avait dix ans. Aujourd’hui, elle le dit, même dans les meilleures conditions, un avortement n’est ni banal, ni confortable. « Ca vous hante toute votre vie. » Mais alors qu’ici et là on le conteste, il reste et doit rester un droit inaliénable pour toutes les femmes.
Dix-sept ans, Colombe Schnek, Grasset